Toutes ces perles

Ma chère amie Christel a accepté de répondre à mes questions. Mais qui dit amie ne dit pas forcément questions faciles et complaisantes… tu t’en sors bien, merci pour cette belle interview !
Vous pouvez lui rendre visite sur son blog christel46310.canalblog.com pour découvrir son univers.
– Christel, je te vois rarement porter un bijou, et pourtant tu en fabriques, qu’est ce qui t’as amenée à cela et par quoi as-tu commencé, perles ou polymère ?
Effectivement, je ne suis pas très « bijou » … Mais commençons par le commencement si tu le veux bien.
En 2003, une amie m’a montré de la polymère sur verre !? Oui oui ! J’ai trouvé que l’étendue des possibilités de cette matière était intéressante.
Etant un peu touche à tout en art plastique, dessin, peinture, divers petits bricolages, je me suis mise à y penser et j’ai acheté mes premiers pains de polymère à cette époque …
J’avais envie avec du fil métal et de la polymère de faire des pendentifs avec du verre poli … j’ai commencé par ça et aussi divers petits objets de déco … des mobiles …
Etant enceinte, j’ai du arrêter de fumer et trouver une solution pour occuper mes doigts … et ma tête, j’ai acheté quelques tubes de rocailles et j’ai fait des abats jours perlés, ça prend beaucoup de temps ! Avec la venue d’internet dans ma maison, j’ai découvert le journal de la polymère, Parole de Pâte, et aussi un super forum « belles rocailles » où je me suis inscrite, dans l’espoir de trouver la technique pour faire des napperons perlés. J’ai trouvé des sources d’inspiration infinies dans ces deux sites et appris diverses techniques pour réaliser des bijoux, j’ai commencé par là … puis avec internet, des centaines de blogs ont vu le jour qui m’ont permis de voir des bijoux fabuleux, j’ai eu très envie de relever le défi !
– Et alors aujourd’hui, tu utilises des perles en tout genre, tu travailles la fimo et pratiques le micro macramé, ça demande beaucoup de matériel, quels sont tes outils indispensables dont tu ne pourrais te passer ?
Aujourd’hui, j’ai acquis au fil de toutes ces années des techniques qui me donnent envie de faire des styles très différents, avec toujours l’idée et l’envie de ne pas me cantonner à un seul matériau, polymère, perles, je cherche toujours l’originalité et la diversité … je fais des cabochons en polymère que je sertis en perles … je met des perles de rocailles ou plus grosses dans mes montages fimo, j’utilise de l’os, du bois … tout ce que je trouve joli et à mon goût, toujours dans l’esprit d’être originale, et que ce soit portable aussi, même si parfois c’est très étrange.
Je me diversifie en ce moment pas mal sur le macramé, parce que les bijoux sont terribles ! On fait des trucs de folie en macramé ! J’adore ! Je débute juste et suis très frustrée parce que je ne sais pas sertir une pierre non rainurée, mais je vais y arriver !
Cette diversité de matière fait qu’il me faut des outils spécifiques à chacun !
Pour le travail des perles, bien sûr, les aiguilles et mon fil spécial (dont je garde le secret) … une bonne paire de ciseaux, rien de plus … pour le macramé, mon carton plume et mes aiguilles … un ciseau qui coupe super bien aussi … pour la fimo, c’est différent, c’est ce qui demande le plus d’outils : mes pinces pour le montage, petite plaque en verre, aiguilles de perçage, lames et MAP et mes gants, indispensables !
– Tu oublies un outil, ta lampe daylight, il faut de bons yeux et une bonne lumière. D’ailleurs, je n’oserai pas te demander combien de perles sont passées entre tes doigts, mais peux-tu chiffrer approximativement le nombre de colliers que tu fais par an, ce que le plus rapide à faire te demande comme temps ?
Ah la Daylight ! Je ne m’en sers qu’en « déplacement », parce que chez moi, j’ai un atelier avec un assez bon éclairage, mais effectivement, c’est très utile quand celui ci est faible ou jaune, compte tenu de la faiblesse de mes yeux (bah oui je deviens presbyte, c’est l’âge jeune homme !) !
L’outil le plus important auquel je n’ai pourtant donc pas pensé sont mes lunettes, et les rocailles 11° ou 15° sont un enfer à travailler selon les couleurs, même avec mes lunettes et la daylight !
Combien de perles sont passées entre mes doigts ! Hi hi hi ! je crois que si je le savais, ça me ferait peur !
Des milliards je dirai ! Et je crois que, peut être, je suis loin du compte !
Quant à comptabiliser le nombre de colliers, je pense faire environ 200 colliers en perles par an !
Ah j’en vois qui ouvrent de grands yeux ! ! ! !
Quant au macramé, je dirai une dizaine, pas plus pour l’instant …
Pour ce qui est de la fimo, je pense en être à plus de 200 colliers dans une année, sans parler boucles d’oreilles ou bracelets …
Le plus rapide à faire ? Hum tout dépend de l’humeur je dirai ou du degré de fatigue !
Je ne parlerai que de perle, parce que, la polymère, c’est autre chose.
Un collier perlé comme l’Asymétrique( cf ci-dessous), je met environ 3 heures pour le faire… au début j’en mettais bien le double, mais ce n’est pas le plus rapide à faire.
Ceux qui me prennent le moins de temps en ce moment sont, je pense, le collier dagues ou le collier en netting avec les perles nacrées (environ 1h). Le collier « Le Pacte des Loups » m’a bien pris une bonne vingtaine d’heures pour servir de comparaison !
– Avec ces chiffres impressionnants effectivement de grands yeux s’ouvrent, mais on peut s’interroger sur la passion qui t’anime, certaines personnes penseront que tu es une des plus passionnées, d’autres qu’il n’y a plus de place pour un quelconque intérêt. Qu’en est-il réellement ?
Au fil du temps, par des hasards et des rencontres, cette passion est devenue mon gagne pain. C’est difficile de vivre d’une passion, mais qu’est ce que c’est bien !
Cela implique, comme dans tout métier, des bons et des mauvais côtés. Les bons, c’est de faire ce que l’on aime, d’être son patron et de se gérer … les mauvais sont innombrables … et ne se découvrent que petit à petit, quand l’entreprise grandit. Chaque personne qui vit (ou tout du moins essaie) de sa passion le vivra différemment et mènera sa barque à sa manière, mais entre faire des petits marchés de Noël et quelques expos, ou avoir une boutique sur 6 mois ou toute l’année, cela ne se vit pas de la même manière et la gestion qui en découle non plus.
Ayant une boutique sur 6 mois, j’ai des pièces qui y restent sur toute la saison, et certaines qui se vendent dès que je les ai posées sur la table. Selon ce que c’est, je refais, et si cela se vend immédiatement, c’est que ce modèle plait beaucoup et donc, je le refais, parce que j’ai besoin, comme tout le monde, de rentrer de l’argent pour vivre. J’ai des pièces nouvelles à chaque saison, mais des modèles que je refais d’une année sur l’autre, d’autres que je ne refais plus….
Le point le plus négatif à mon avis, c’est celui ci, faire de la série, c’est frustrant, ça freine la créativité, on a moins de temps pour les pièces plus originales, mais c’est à mon avis, obligatoire si l’on veut vraiment y arriver. Peut être que certaines personnes, et ce serai intéressant d’avoir leur expérience, arrivent à ne faire que de la création et à en vivre sans aucun revenu de complément, et ce serait beau ! J’aimerai y arriver, j’y aspire, et j’aimerai aussi voir leur interview ici !
Pour clore ce chapitre, j’ajouterai que je suis boulimique de perles, j’en fais tous les jours, je ne sais pas quoi faire de mes 10 doigts sinon, j’ai toujours des tas d’idées dans la tête que je concrétise ou pas, mais j’adore ce que je fais et je ne reprendrai un boulot « normal », pour rien au monde !
– Pour conclure, force est de constater que le simple fait de vendre sur internet grignote du temps sur la fabrication, alors avoir une boutique la moitié de l’année plus les marchés de Noël, tes journées doivent être compressées, y a-t-il une solution miracle que tu as découverte, que tu recherches, quels conseils donnerais-tu à celles et ceux qui voudraient prendre la clef d’une boutique ?
Pfff, le temps, vaste question à laquelle effectivement je cherche encore une réponse. C’est un boulot qui me prend tout mon temps, parce qu’il n’y a pas que la création de bijoux à prendre en compte.
Quand on est professionnelle et que l’on a une boutique non virtuelle :
– UN, il faut passer pas mal de temps sur les commandes de matière première ….
– DEUX, il y la partie gestion, compta, qui prend du temps aussi,
– TROIS, il faut penser au temps d’agencement, la fabrication du mobilier, présentoirs etc, le temps passé en boutique etc … enfin tout un tas de choses à prendre en compte et dont on ne se doute pas non plus de l’énorme temps que cela prend.

Pour cela je travaille tous les jours de l’année, WE compris, jours fériés etc, parfois plus de 10 heures par jour, et quand je ne suis pas au boulot physique, j’ai tout un tas de choses dans la tête aussi ! Bref, j’ai du mal à décrocher …
Comme je le disais, j’adore ce que je fais, et cela ne me coûte pas de bosser 10 heures par jour tous les jours de l’année, car je m’éclate ! Je recherche aussi la qualité, j’accorde beaucoup de temps à la finition et aux produits de qualité, cela à un coût aussi.
Il est difficile de donner un conseil par rapport à prendre ou pas une boutique. Ce serait à refaire, je le referai sans hésiter, mais cela génère pas mal de soucis. Il faut être prêt à cela. Il faut savoir que si l’on prend un statut professionnel, sans avoir un travail salarié à côté, il ne faut pas compter sur les ASSEDIC pour faire des compléments d’activité quand on ne gagne rien. On ne cotise pour la retraite qu’un seul trimestre tous les 25000 euros de CA ! Autant vous dire que depuis 3 ans que je suis professionnelle, je n’ai pas cotisé un seul trimestre ! On a des charges à payer, une taxe professionnelle et en plus des frais si l’on a une vraie boutique. Il faut comprendre tout cela avant de se lancer, ne pas prendre de risque à la légère car cela peut engendrer de graves soucis.
(Merci à toi cher ami)