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Véronique a accepté de répondre à mes questions

Et comme on se connait un peu, je me suis permis quelques questions délicates. Aussi, Véronique, merci beaucoup pour le temps passé à nous apporter ces réponses !
Comme toujours, commençons par une présentation :
Mon prénom est Véronique, j’ai 51 ans. Je suis mariée, j’ai 3 fils de 29, 27 et 24 ans. Ça fait 20 ans que je suis secrétaire de mairies dans 2 petits villages du Jura dont l’un où j’habite tout à côté de Poligny, la capitale du Comté. J’ai toujours vécu dans cette région, berceau de ma famille.
J’ai débuté très jeune dans les loisirs créatifs… à 5 ans, j’ai commencé à crocheter. Vers 8 – 10 ans, je tissais mes premières rocailles (je maîtrisais l’enfilage depuis longtemps !) en faisant des “médaillons” que je montais en colliers pour offrir ou pour moi. C’était du peyote pair mais on n’employait pas ce terme dans les livres, c’était juste du tissage. Puis, au fil du temps, suivant mes envies, les modes, les livres… je suis passée au tricot (j’en ai fait des pulls, des gilets… !), à la tapisserie (canevas), à la broderie, à la couture (je faisais mes vêtements et ceux de mes enfants) en passant par les scoubidous et les bracelets brésiliens et aussi le scrapbooking pour classer mes photos… des trucs de filles quoi !
J’ai la chance d’avoir des gènes de bricoleuse des 2 côtés et une famille qui m’a toujours encouragée sans oublier aussi un mari bricoleur avec qui je fais les travaux dans la maison (papier peint, peinture, pose de carrelage, de faïence, de frisette…). J’aime ça et j’ai toujours trouvé du temps pour bricoler !
Et j’ai aussi initié mes fils quand ils étaient petits au bricolage que je connaissais (perles, tricotin, scoubidous, peintures vitraux, origami…) ; il fallait bien les occuper.
Je suis retombée dans la marmite des perles, il y a 9 ans, le jour où ma filleule est arrivée avec des bagues en swarovski. Je suis tombée sous le charme. J’ai voulu essayer, j’ai acheté pour faire une bague puis 2 puis… beaucoup. Ensuite un ou 2 pendentifs pour faire des cadeaux. Et un jour, par hasard, j’ai atterri dans la rubrique “rocailles” d’un forum et je suis tombée sur un bracelet en “triangles” et là, ce fut le 2ème déclic !
J’ai étudié les photos pour voir comment c’était fait, on commence par le centre ou par le tour ??? J’ai testé les 2 possibilités et j’y suis arrivée ! Au fil du temps, j’ai fait connaissance avec d’autres perleuses et perleurs et grâce à la gentillesse des créatrices qui partagent leurs schémas et leur savoir-faire, j’ai beaucoup progressé et je suis toujours émerveillée de voir tout ce qu’on peut faire avec des perles et que je n’aurais jamais pu imaginer quand j’étais petite !
J’ai beau avoir essayé d’autres techniques, d’autres perles, je reviens toujours principalement au peyote avec des délicas et des rocailles. L’herringbone me plait bien aussi. Je suis très attirée par les formes géométriques… ça doit être mon côté mathématicienne qui ressort !

Durant nos entretiens préalables tu te décrivais comme une copieuse, dans le sens où tu ne crées pas, tu ne suis que des schémas. Pourtant, avec tous ces « loisirs créatifs » que tu pratiques, en plus tu es une bricoleuse, tu dois être assez créative. Alors, où te situes tu, créatrice, technicienne ou réalisatrice ?
Je suis sans doute, d’après tes définitions, un peu plus technicienne (même si je trouve ce terme un peu présomptueux pour moi) que pure copieuse. Je suis souvent tentée de bidouiller les schémas pour les “accommoder” à ma sauce (la parure Adonis ou la perle Bermudes d’Ildès, le printemps de Mu, les colliers Aztec ou Obélix à base des triangles de Sanorélia…) ou d’en prendre 2 pour n’en faire qu’un (comme dans mon collier pétalistik ou mes Joséphine).
Mais je suis incapable d’inventer un schéma de toute pièce. J’ai besoin des schémas des créatrices.
Petite parenthèse, j’étais très contente quand j’ai fait mon collier Adonis car j’ai vu, juste après l’avoir fait, dans une vitrine, un collier dans le même style sauf que les anneaux étaient en plastique et le pendentif aussi mais je me suis dit que j’étais dans le vent sur ce coup-là !!!

Que te manque-t-il d’après toi pour franchir le pas de la création ? Je ne veux pas lire le mot créativité dans ta réponse à moins que tu n’en donnes ta définition !
D’après moi, ce qu’il me manque, c’est l’imagination, du savoir-faire et sans doute aussi la fantaisie des artistes.
Comme je le répète souvent, j’aime le travail manuel, le bricolage, mais… je ne suis pas artiste !
Mais pourtant tout être humain est doté d’une créativité naturelle, au sens large de la vie, un changement oblige, pas le choix, de réagir, d’inventer, s’adapter, créer. Alors plutôt que de chercher dans ce qu’il te manque, peut être doit-on chercher dans ce qu’il y a en trop… Trop de jolis schémas à réaliser, une liste des « à faire » immense ? Parles nous de ta liste si tu en as une, est-elle grande, comment l’organises-tu ? Est-ce que parfois elle est si grande que tu ne sais plus quoi faire ?
Il est vrai que chacun d’entre nous a des talents et heureusement. Je citerai un petit exemple qui me vient : avec 2 de mes cousines, on a tissé les mêmes objets perlés (triangles, perles perlées…) et au final, au montage, il en résultait des bijoux complètement différents. Chacune de nous trois ayant son interprétation, ses couleurs de prédilection…
Quant à ma liste des “à faire”… eh oui, elle est très longue et pas très organisée. Je mets de côté dans un dossier, des schémas et des photos que je trouve sur les blogs ou les forums mais si je n’imprime pas, j’oublie ou je ne prends pas le temps d’y revenir !!! Et quand je le fais, j’aimerais faire tant d’essais que je ne sais pas par où commencer et c’est là que je ne fais rien !!!
Tes deux techniques de prédilections, peyote et herringbone, représentent des heures de travail, peux tu nous dire où, comment, quand, tu travailles ? Si tu fractionnes, te divertis, pour trouver le temps moins long ou si tu ne trouves pas du tout le temps long…
C’est vrai que le peyote ou l’herringbone demandent beaucoup d’heures de travail mais pour moi, c’est avant tout un plaisir et un loisir, pas une contrainte ni une obligation.
Dans les périodes où je suis motivée, je vais m’y mettre dès que j’ai un moment ; ça peut être 10 mn avant de partir au travail, ½ heure entre d’autres occupations voire une après-midi mais entrecoupée d’une pause-café ou autre ou alors une soirée… mais en général en écoutant de la musique 😉
Vu que ça me plait, je ne trouve pas le temps long. Par contre, si je fais un bijou commandé et qui ne me plait pas forcément soit par la couleur ou la forme, là, j’aurai plus de mal à me motiver mais c’est rare.
J’ai la chance d’avoir une pièce “bricolage” où je peux laisser mon “bazar” sur la table, ce qui est plus facile pour perler par petits moments. Et quand je garde ma petite nièce (5 ans), elle n’y touche pas, je ne suis pas obligée de ranger ! Appréciable non ?
Quelle(s) est (sont) tes références, un livre favori sur les perles, une créatrice dont tu aimes quasiment tout (ou plusieurs) ? Quelle question aimerais-tu poser ?
Ma bible en la matière… le livre “Shaped Beadwork” de Diane Fitzgerald. Normal, du peyote, de la géométrie. Celui-là, je n’ai pas regretté de l’avoir acheté et je l’ai déjà bien recommandé aux copines !!!
Quant à mes créatrices préférées, je citerais Ildès, Sereine, Puca, Alexargaï, Vinjulève… (et j’en oublie) dont le style me plait beaucoup. J’étais très fan des créations de la styliste Disamare mais… plus de nouvelles depuis quelques années.
Et la question qui me vient (et qui n’est pas très originale) : Mais où allez-vous toujours puiser cette inspiration qui me fait tant défaut ???
Si vous souhaitez en découvrir plus encore, je vous invite à rendre visite à Véronique sur son blog http://berenice39.skyrock.com/

J’ai découvert Annabelle

Et elle a accepté de répondre à mes questions, et de partager aussi quelques unes de ses recettes…
Son blog http://annabelle71.canalblog.com/ regorge de merveilles et je crois savoir que son profil facebook encore plus… Commençons par une présentation :
Je m’appelle Annabelle et j’ai 42 ans, je suis originaire de Nantes. J’habite à côté de Vannes dans le Morbihan depuis 2004, auparavant j’ai vécu 15 ans sur l’île de La Réunion.
Mes premiers loisirs sont le dessin et la peinture, j’ai fait des reproductions à l’acrylique, des portraits au pastel.
J’ai attrapé le virus des perles dans les années 90. J’ai pratiqué beaucoup de techniques et depuis 9 ans j’ai découvert ma voie : la broderie de perles, c’est un monde merveilleux !!
J’admire et je m’inspire du fabuleux travail des brodeuses des pays de l’Est, dont la Russie.
L’année dernière, j’ai eu l’honneur de participer au concours mondial The Battle of The Beadsmith de Steven Weiss sur facebook « 192 participants de 40 pays des 5 continents ». J’ai réalisé mon projet, une pochette de soirée en broderie de perles, je l’ai appelé Madame de Pompadour.
J’ai été sélectionnée pour l’année prochaine et je prépare mon nouveau défi.
Sherry Serafini et les brodeuses de l’Ouest en général se sont dévoilées à tes débuts dans la broderie de perles, et pourtant… qu’est ce qui t’inspire davantage dans les pays de l’Est ?
Oui c’est exact, comme beaucoup de brodeuses, celles qui m’ont inspiré en premier lieu, ce sont Sherry Serafini et Heidi Kummli.
J’ai découvert cette technique par leur premier livre « The Art of Bead Embroidery ».
Ce qui m’inspire beaucoup chez les brodeuses des pays de l’Est, c’est leur maîtrise de la broderie de perles avec le mélange de nombreuses techniques : le raw, le netting, le peyote pour réaliser des pétales de fleurs … ; les matières : plumes, pierres semi précieuses …
Pour exemple, écrivez « Irina Chikineva » dans un moteur de recherche d’images et admirez ! (voici le lien vers son album)
La différence selon moi, ce sont les palettes de couleurs qu’elles utilisent et surtout l’incroyable finesse et le design de leur travail.
Dès que je vois leurs créations beaucoup d’idées me viennent en tête alors je prends mon cahier et je dessine. Je place mes pierres et perles principales, mon imagination fait le reste 🙂
Sur ton blog on voit assez peu d’essais de broderie, tout est, comme d’un claquement de doigts, réussi, quelle différence y a-t-il entre ton premier et ce qui t’as amenée à être sélectionnée à la Battle of the Beadsmith ?
Tout ne s’est pas fait comme un claquement de doigt, mon premier collier brodé est celui-ci, comme vous pouvez le constater, j’ai voulu créer une « grande pièce » tout de suite ! Ensuite j’ai vu plus petit, j’ai serti une ammonite et réalisé un pendentif.
C’est à ce moment que l’évolution technique et énormément de travail sont venus, lorsque j’ai ressorti mon premier collier brodé, j’ai bien vu la différence.
Le choix du support est important, au début je travaillais sur une feutrine pas très épaisse par conséquent mes points n’étaient pas assez serrés.
La tension du fil est cruciale dans la broderie, je la maîtrise à force de persévérance et de pratique. Et bien souvent je défais et je refais de nombreuses fois mes points et parfois cela ne me convient pas du tout et je recommence à zéro 🙂
C’est comme cela que le souci du détail devient beaucoup plus présent.
Maintenant, je travaille sur du lacy’s stiff stuff, j’ai même trouvé un équivalent dans un magasin de tissus, vendu au mètre et en grande largeur mais également sur de la suédine d’ameublement que je double pour la rigidifier. Il y a aussi le cuir qui donne un superbe aspect.
Je recommande la colle E6000 qui est très efficace pour fixer beaucoup de matières. J’utilise un fil qui ne s’effiloche pas trop comme le One – G, des couleurs sombres pour les perles foncées et du clair pour celles qui sont pastel, transparentes.
J’accorde du temps dans le choix de mes perles, pierres et cabochons à l’achat comme pour la composition.
Je recycle parfois des bijoux fantaisies dont la pièce centrale me plait bien.
Pour trouver la forme du bijou que je veux créer, je dessine en posant les pièces principales sur le papier. Et pour conserver mes gabarits je les reproduis sur un carton pour pouvoir les réutiliser ensuite.
Voilà ce qui m’a amené à être sélectionnée pour le Battle of The Beadsmith, beaucoup de pratique et de patience.
Ce que j’aime dans la broderie de perles, c’est que l’on peut commencer un modèle et suivant l’évolution de notre imagination, le résultat peut être très différent, une broche peut vite se transformer en pendentif dont le design convient le mieux.
De quoi souhaiterais-tu que soit fait ton avenir perlistique ?
Je souhaiterais que mon avenir perlistique suive une belle évolution ; comme toute perleuse, je souhaiterais bien sur en faire mon métier. Ce serait un accomplissement de tous mes projets et un rêve !!!
Hier j’ai fait une belle rencontre grâce à des amis, ils m’ont encouragée à présenter mes bijoux et j’ai une proposition pour un dépôt-vente dans un magasin.
Maintenant il faut que je calcule le prix d’une ou deux belles pièces de ma collection et que je me mette au travail pour en faire de plus petites comme des pendentifs et des boucles d’oreilles.
C’est un très grand pas pour moi car ce n’est pas si évident d’aller démarcher sans savoir où l’on va. Les connaissances, les amis sont très importants.
Et je souhaiterais faire encore de belles et grandes rencontres.
Quelles sont les différences pour toi entre peindre et broder ?
Quand le virus de la broderie m’a attrapé, je ne travaillais que la reproduction dans la peinture et le dessin, j’aurais certainement évoluée si je ne m’étais pas entièrement consacrée aux perles.
En comparant les deux, c’est vrai qu’il y a une similitude entre peindre et broder. Les bijoux sont des oeuvres d’art que l’ont peut porter, assortir à ses vêtements, à ses envies …
Selon moi, dans la peinture, il est aussi difficile de choisir ses couleurs et ses projets que dans la broderie de perles où l’on sélectionne les formes, les couleurs et les différentes matières que l’on veut utiliser.
Tu parles de rêve, si tu avais quartier libre, quel serait-il ? Racontes-nous !
Mon rêve total et suprême serait de passer une journée avec un grand créateur ou créatrice de renom de la perle et de me servir sans compter dans des boutiques bien évidemment :))
Et aussi de gagner une belle notoriété et même pourquoi pas d’avoir mon propre magasin ou galerie d’exposition, ce serait vraiment mon rêve !!!

Je te remercie Celt, de m’avoir contactée pour cet article, c’est un très grand honneur pour moi de pouvoir y participer.
Je vous souhaite à tous une superbe année 2014, que les perles soient avec vous !

Merci Annabelle pour cette interview, ta sympathie et tes voeux 🙂

Qui répond aujourd’hui ? Moi !

Et oui je vous l’avais dit, l’interview de Coco La Bijoutisse n’était pas gratuite, elle voulait qu’en échange je réponde à ses questions, et bien voilà…
Vous pouvez lui me rendre visite sur mon blog desperles-desbijoux.net, bon ça fait bizarre, passons aux questions !
– La perle est un domaine dans lequel peu de créateurs masculins interviennent. Quel a été ton cheminement pour y parvenir et depuis combien de temps perles-tu ?
J’ai déjà répondu de nombreuses fois à cette question, mais jamais avec le sentiment que la réponse soit complète, je vais m’appliquer cette fois. Mon parcours scolaire, Bac S, DUT mesures physiques, j’ai poursuivi jusqu’en maîtrise génie électrique et informatique industrielle, illustre que je suis très orienté mathématiques et sciences. Alors le jour où ma conjointe, Laëtitia, est venue me voir avec un pendentif boule fait de perles nacrées cassé, en me disant qu’elle voulait le réparer, j’y ai vu une énigme intéressante, construire une sphère…
Bien sûr nous n’avions rien pour cela, même pas un bout de fil de pêche puisque je n’aime pas ennuyer les poissons, et le coup de ciseau pour démonter définitivement le pendentif nous a dévoilé des perles dans un piteux état.
Mes recherches sur internet m’ont amené sur ebay, une boutique vendait des perles nacrées, du fil de nylon, des perles de rocaille et oeil de chat qui faisaient de l’œil à madame ainsi que du fil élastique pour faire de simples bracelets. Je ne savais pas l’existence des boutiques spécialisées, j’avais peu de respect pour les bijoux de toc des marchés et aussi peu pour ceux des bijoutiers de ville.
Je dévorais des polars par dizaine, le soir sur mon transat, tandis que Laëtitia sur le sien se bagarrait autant avec les nacrées qu’avec le fil élastique. J’ai donc cherché sur le net que faire de ces perles qui ne restaient pas sur ce fil qui refusait de se nouer, et comment faire cette sphère. Je lui ai imprimé des schémas simples glanés ici et là, ils doivent encore traîner quelque part, je me suis imprimé des explications pour le pendentif boule provenant de b&b. Rien ne fonctionnait pour moi comme pour elle, je suis tombé sur le forum bijoux en perles, je m’y suis inscrit pour y poser mes questions. J’y ai découvert une grande communauté, des gens qui faisaient des bijoux comme je n’aimais pas jusque là, sans âme, des choses jolies par accident, destinées à celles qui ont une relation compulsive avec leurs bijoux : acheter et changer tous les jours. Mais aussi et surtout, beaucoup de personnes qui donnaient de la vie à de magnifiques choses, des réalisatrices, des techniciennes, des créatrices, animées par ce qu’elles faisaient, portaient ou vendaient, le bijou n’était plus superficiel, industriel, et ces personnes, sympathiques, correspondaient amplement plus à mon idéal féminin sur le plan relationnel.
J’ai découvert grâce à l’aide qui m’a été donné généreusement sur ce forum que les instructions de b&b contenaient une erreur, j’ai essayé moi aussi de réaliser des modèles pour aider Laëtitia, chacun de notre côté nous faisions, le schéma entre nous deux. L’une de nos plus grandes découvertes a été de comprendre ce que signifiait « croiser le fil dans la perle », on partait de loin !
Je retournais à mes polars, j’imprimais des schémas, on regardait les photos des bijoux transpirants de passion réalisés sur le forum, je me suis découvert une certaine aisance en la matière, tout est allé vite, je progressais, y prenais du plaisir, un soir j’ai senti que je posais pour longtemps mon polar, c’était fin 2009, je ne l’ai toujours pas rouvert !

– T’es-tu senti tout de suite à l’aise dans ce monde essentiellement composé de femmes, soit au travers de ta participation à des forums, soit au travers de tes rencontres ou échanges?
« Oui », ayant fait le choix deux ans auparavant d’être père au foyer, en milieu rural, je ne me sentais pas plus mal à l’aise que je ne pouvais l’être déjà…
Mes premiers pas faits dans le monde des perles étaient sous une identité mixte, je m’étais inscrit au forum évoqué plus haut en tant que couple, et nous étions bel et bien deux devant notre écran, moi seul au clavier. Rapidement j’ai noué des relations chaleureuses et suis devenu l’unique « propriétaire du compte ». Je me suis fait discret, dans le sens où je ne commençais pas mes phrases par un « je suis un homme bonjour », car je ne fais pas de grandes différences entre une femme et un homme. Bien sûr j’ai évité les blagues d’hommes bon enfant, qui passent dans une soirée entre amis, mais pas forcément dans un milieu 100% (à 0.001% près) féminin. J’ai ravalé mes envies de répondre aux femmes qui généralisent sur les hommes. Les autres forums où je me suis inscrit, plus tard, en France, m’ont accueilli de la même façon, sauf un, sa fondatrice ne semblait pas apprécier la présence d’un homme, je n’y suis pas resté. Les forums anglo-saxons où je me suis inscrit sont de vraies usines avec des dizaines de milliers d’utilisateurs, toutes techniques présentes, je suis passé inaperçu parmi tous les hommes inscrits aux rayons pates polymère argent bronze etc.
Donc oui, je me suis senti à l’aise, peu d’efforts à fournir, et une acceptation globalement facile.
Des rencontres j’en ai fait assez peu, et là, je dirai que cela dépend de la personne que je rencontre. Il se créé une relation d’amitié plus facilement quand on a des points communs, si le courant passe, on se retrouve entre potes le plus simplement, en oubliant ma « particularité » [masculin-perles] en ne gardant que mon genre, tout cela dans une relation normale. Mais je ne peux m’exprimer que sur ma perception, il faudrait demander à celles qui m’ont rencontré si elles font une différence, si je devrais me sentir moins à l’aise que je ne le suis.
Maintenant, si je devais me retrouver dans une réunion d’une trentaine de perleuses, je suis confiant… mais aussi lucide, je connaitrai certainement des passages un peu compliqués, il y a toujours une rivalité que j’estime construite par la société qui viendrait semer certains troubles, d’autant que je suis plutôt réac quand je me sens en confiance…

– Y a-t-il des moments particuliers de la journée où tu aimes perler ? Un endroit privilégié ?
(Illustration : Caroline Poulet travaillant l’une de ses admirables sculptures)
J’aime perler au moment le plus interdit. Comme beaucoup, les taches quotidiennes même si elles me plaisent, me pèsent. Si un matin je n’ai pas à préparer de repas et que je peux mettre au bénéfice ce temps récupéré pour les perles, je suis content. Non, je le fais quand je peux essentiellement. Là où je prends le plus de plaisir c’est au printemps, il fait doux et lumineux. Car mon endroit préféré c’est notre véranda, la lumière s’y laisse emprisonner autant que les centaines d’insectes. C’est une pièce à part de la maison, toujours ouverte pour notre chat. Comme lui, je pense, j’aime ce sas mi intérieur mi extérieur. Il y fait trop froid l’hiver, trop chaud l’été, trop vite sombre l’automne, j’ai l’intention d’en faire un vrai labo un jour, j’ai fait l’analyse complète Fend Shui de cette pièce (et de mon Chi évidemment), elle ne se prête vraiment pas au travail des perles pour moi, l’exercice sera difficile. Je m’y mets en fin de matinée, j’ai remarqué que c’était le moment où j’étais le plus inventif, et justement mon analyse Feng Shui conduirait mon plan de travail à ces heures là au meilleur endroit concernant la lumière. En ce moment j’aime la plage 14h30-16h, avant c’était plutôt le soir, mais je sature de mes journées depuis un bail et m’autorise désormais à laisser la place à des soirées glandouille complète.
Je me fais moins jeune et supporte moins le froid, il m’arrive de me réfugier au chaud, mais d’une je m’y sens enfermé, de deux il me manque toujours quelque chose, je dois sans cesse m’interrompre pour aller chercher, du fil, une paire de ciseaux, des perles.

– Quels sont tes questionnements lorsque tu crées un bijou ?
Dans la réalisation comme dans la création, je suis toujours pris d’un doute concernant les coloris, soit parce que je doute vraiment des couleurs, soit parce que toujours à la recherche de la perfection, je me demande s’il n’y avait pas meilleur choix.
Il y a une nette différence entre le travail de jour et à la lumière artificielle, cela m’en rendrait presque lunatique concernant les couleurs.
Généralement je n’aime pas être sûr de moi, avoir trop confiance en soit c’est avancer sans s’attarder sur certains détails, je progresse avec assurance, mais jamais à fond les yeux fermés !
Techniquement, je sais que l’humeur joue beaucoup dans la tension du fil, alors je me questionne beaucoup à ce sujet, et essaye de rester attentif à une constante tension.
Je m’interroge toujours, aussi, sur la mode, que je ne comprends pas, telle une pensée unique il faudrait tous s’habiller d’une façon. Je dois être un marginal, alors forcément je me demande si je suis dans le(s) temps.
Dans la création il y a différentes questions. La plus importante, si je n’ai pas échoué à de multiples reprises auparavant, est de savoir comment je vais faire techniquement pour réussir ce que je veux. Car quand j’ai décidé une forme, elle doit être, et ce avec peu de concessions.
Parfois je me demande si je ne suis pas en train de me taper un délire, si ce que je suis en train d’imaginer plaira à d’autres que moi.
Aimant plaisanter avec la psychanalyse, j’essaye aussi de voir s’il n’y a pas une écriture directe dans ce que je suis en train de faire, et je n’en vois pas, je cherche donc à tenter de lire cet autre moi, ou ce ça, bref le surmoi vient jeter un œil.
(Illustration : sculpture de Caroline Poulet)
Dernier point, la question du « est ce féminin ? » était récurrente, mais est de moins en moins présente. Je suis attentif à ce que l’on pense de mes bijoux, et il est souvent venu la question du choix des couleurs, avec comme réponse un peut être mon côté masculin. Avec le temps, un regard en arrière sur ce que j’ai fait, une exploration avancée de l’univers des autres, je me rends compte que la féminité est à la femme, mais pas uniquement. (Je ne parle pas là de métrosexualité). Et pas à la femme, aux femmes, qui sont toutes différentes. Je ne sais pas si une femme pourrait représenter sous la forme d’un média ce qu’est la féminité, aucun homme n’y est parvenu il me semble, tant en peinture que dans le domaine cinématographique. Les caractéristiques féminines d’un bijou que je fais, doivent être l’altruisme à une certaine dose, bijou pour se faire plaisir mais avant tout pour être beau et égayant les yeux des autres, de la tendresse mise, le porter avec un attachement mais sans contrainte, une douceur, un agréable à tenir dans la main ou à porter sur soi, ni piquant, ni trop lourd, ni déséquilibré, une harmonie qui ne peut s’obtenir qu’avec principalement des formes courbes. En respectant cela, on peut mettre n’importe quelle couleur dans un bijou, donc la réponse donnée « masculin » n’était pas la bonne.
Je le disais, je m’interrogeais beaucoup, et beaucoup moins maintenant. Il est difficile de décrire l’ombre de cette chose invisible que j’aperçois et qu’on appelle féminin, j’ai cherché, cherche encore à le respecter, c’est plus facile pour moi maintenant car je connais certains critères (qui me sont personnels).
Voilà pour aujourd’hui, pas certain de revenir avant 2014, je vous souhaite de passer de bonnes fêtes de fin d’année 🙂

Un peu de fil et une aiguille

Nous poursuivons notre aventure en présence de Marie-Thé qui a bien voulu répondre à mes questions, et je l’en remercie !
Vous pouvez lui rendre visite sur son blog pourroudou.over-blog.com et en prendre plein les mirettes… c’est parti :
– Peux tu te présenter stp ?
Je m’appelle Marie Thérèse, j’ai 65 ans et suis retraitée. J’habite Vias dans l’Hérault depuis 18 mois, ici la lumière est éclatante et c’est plaisant de perler.
J’ai toujours aimé les travaux manuels. J’ai commencé par le tricot appris très jeune par ma maman, et comme j’ai eu 3 enfants, j’ai beaucoup tricoté, en apprenant les points de plus en plus compliqués ainsi que le jacquard, puis je me suis mise au point compté et le hardanger. Une amie qui débutait dans les bijoux en perles m’a contaminée, et quel joli virus !!!
Cela fait 5 ans que je l’ai attrapé !!
Depuis j’essaye toutes les techniques, peyote, brodé, raw, j’adore les cabochons en cristal, et les pierres naturelles.
Mais je ne suis pas du tout créative, je suis les schémas à la lettre, toujours à l’affût des nouveautés, je fonctionne au coup de coeur, j’adore les gros bijoux, les franges, les boules perlées et plein d’autres choses.

J’avais l’intention d’aborder le sujet durant cet entretien, parlons en de suite : tu te dis « pas du tout créative parce que tu suis les schémas à la lettre », choisir des couleurs, les associer, même en suivant un schéma, sans parler des brodés, même si les bases sont là, aucun schéma ne donne de pas à pas… il y a une dose de travail personnel et de créativité tout de même, non ?
Oui bien sûr il faut faire travailler sa tête. Déjà comprendre les explications en anglais ou allemand moi qui ne parle que le français, c’est là où je perds le plus de temps, j’utilise le traducteur Reverso qui m’aide un peu, mais certaines phrases ne veulent rien dire une fois traduites !!
Les termes techniques sont récurrents donc ça, ça va.
Ensuite je dois remplacer certaines perles car celles indiquées sont introuvables en France, tout en restant dans le même calibre.
Pour les coloris je fais en suivant mes gouts, et ce que j’ai dans mes boites !! Il m’est arrivé de réaliser un brodé en agrandissant le schéma car le cabochon de base que j’avais était plus gros… là, j’étais contente de moi et c’est une de mes réalisations préférées. Certains modèles avec des cabochons sertis ne me plaisent pas alors je sertis à la façon Marie-Thé !! Et ça marche.
En parlant de modèle préféré, comme ça sans réfléchir, peux tu me dire quel bijou est la réalisation qui te rend la plus fière, celui qui t’a pris le plus de temps, le plus rapide que tu aies fait mais que tu aimes tant, le plus complexe, en nous disant ensuite en quelques mots pourquoi ?
Mon bijou préféré, qui me rend fière, c’est un collier brodé (première photo), un « dérivé » de Sherry Serafini car c’est un bijou à quatre mains, les cabochons fimo étant fabriqués par Sissy qui me les a offerts. Question temps, c’est « l’ultimate bead »(photo ci-contre), j’ai mis plusieurs mois à la faire en la laissant de coté, ce qui ne me ressemble pas, très complexe à faire. Surtout avec les charlottes de 15 tellement fines, je ne sais pas combien d’aiguilles j’ai pu casser !!! J’ai voulu en faire une seconde, j’ai baissé les bras ! Donc celle réussie restera pour moi unique et je ne m’en séparerai jamais.
Mon modèle favori le plus rapide à réaliser, c’est un petit collier en tila super rapide à faire, que j’adore, il est facile à porter. C’est un collier de Maria Theresa Moran (photo ci-dessous).
La plupart des bijoux que tu réalises sont très élaborés, cela doit prendre du temps, combien d’heures pour ton dernier brodé ? Peux tu nous parler de ton ou tes coins perles, quand… ?
Alors pour mon dernier brodé, le « viking », que je viens de terminer j’y ai passé environ 30 heures, uniquement pour perler, car je passe beaucoup de temps pour choisir les perles, les coloris, les calibres qui conviennent .
Mon coin perles se trouve dans un bureau, c’est « ma pièce ». Les perles sont rangées dans des boites plastique superposées, j’ai un bureau avec mon ordinateur portable, un petit canapé, et ma lampe lumière du jour. Mon ouvrage se trouve sur un plateau en plastique , et parfois deux plateaux car il m’arrive de faire deux ouvrages à la fois !!!
Ceci est pratique car je perle n’importe où, dans le salon devant la télé, j’arrive à suivre sans regarder, dans mon bureau, sur la terrasse, et à la plage quand il n’y a pas trop de vent.
Mes séances de perlage sont assez régulières après le déjeuner entre 13h30 et 15h30, puis je reprends en soirée entre 18 h et 20 h, il m’arrive parfois de perler le matin si je sais que l’après-midi je ne pourrai pas, ou bien tout l’après-midi si j’ai décidé de terminer absolument un bijou. Mais je ne perle jamais le soir après diner. En fait c’est comme une drogue j’en ai besoin tous les jours!!
Par contre quand j ‘essaye de comprendre un schéma nouveau pour moi, surtout si le bijou est complexe je m’isole dans mon bureau et je me sers de Reverso pour « décortiquer » les explications et les noter en français.
Tu parlais tout à l’heure de l’ultimate bead qui t’étais chère, quand on a passé 30h et même beaucoup plus j’imagine sur un collier, on finit par avoir des « sentiments », un attachement pour l’objet, non ? T’en sépares tu, et si oui, en vendant, en offrant ou gardes tu tout pour toi ?
En effet il y a certaines pièces dont je ne me séparerai jamais, l’utimate bead en fait partie, ainsi que le collier « R » (photo ci-contre) et le pendentif « quechua » (seconde photo) de la regrettée Martine PETIT
Ces pièces sont uniques, j’adore aussi un sautoir de BB perlées en dégradé de vert.
Pour le reste j’en offre énormément et j’en vends aussi, surtout les brodés qui plaisent beaucoup. Mais quand un modèle me plait, et ils sont nombreux, je le fais en plusieurs coloris et j’ai toujours autant de passion à les faire. Je ne ferai jamais un modèle même si on me le demande qui ne me plait pas, je veux que cela reste un plaisir.
Ma dernière question est concernant ta créatrice préférée, pourquoi elle ? Si tu pouvais lui poser une question en rapport avec la raison qui fait qu’elle est ta favorite, quelle serait-elle ?
Ma créatrice préférée est Héléna Tang Lim car elle a toujours un thème différent et des explications concernant son choix et la représentation de son modèle.
J’aime aussi les modèles de Laura mac Cabe pour les cristaux utilisés et Anne Benson, Sherry Serafini pour les brodés.
Si je pouvais poser une question ce serai à Héléna Tang Lim, je voudrai savoir où elle va chercher l’inspiration pour créer ses modèles.

Passionnément perles avec Virginie

Cette semaine c’est Virginie, miss85, qui répond à une petite interview. Je l’ai découverte dans le cadre de ce blog, par pur hasard avec Google et c’est une très agréable surprise !
Je vous invite à lui rendre visite sur son blog http://miss85.canalblog.com/, elle m’a laissé le choix des photos pour illustrer cet article, vous verrez que le job n’a pas été facile, il y a tant à admirer !
– Bonjour Virginie, nous ne nous connaissons pas mais en parcourant ton blog, voilà ce que j’ai découvert : tu vis dans la très belle Vendée vers les Sables d’Olonne , tu as trois enfants de 2 à 5 ans. Tu crées des bijoux en fil métal, principalement de l’alu, ainsi qu’en pate polymère, tu combines parfois les deux techniques. Tu exposes tes créations sur un salon local et à une boutique sur internet. Est ce un bon résumé ? As-tu des choses à ajouter pour te présenter ?

Non, rien à ajouter tu m’as très bien présentée.
– De l’ouverture de ton blog à aujourd’hui, j’ai remarqué une évolution technique dans tes bijoux, et ce qui m’a surpris c’est de voir que peu avant la naissance de ta petite dernière, tu te mets à explorer et exploiter la pate polymère de façon beaucoup plus poussée. Comment fait-on avec trois enfants en bas âge, il faut le temps d’apprendre et de patouiller ? Qu’est ce qui a déclenché cette soudaine évolution ?
Je crois que c’est la hasard que ça corresponde avec la naissance de ma fille…
J’ai des périodes où je travaille plus l’aluminium, d’autres où je suis plus attirée par la polymère.
Mais il est vrai que depuis un moment j’ai plus exploré la polymère, j’ai essayé d’apporter plus de soin à mes créations et voyant que j’avais progessé, j’ai essayer de nouvelles techniques.
Pour moi moi créer est comme une drogue, alors dès que les enfants font la sieste je m’installe derrière mon bureau, ça permet aussi de s’évader un peu car 3 loulous en bas âge ça demande de l’énergie.
– En parlant de patouiller, que préfères-tu ? Fabriquer, créer tes perles ou les monter ? Tu vois le montage des perles au moment de leurs création ?
En fait j’aime créer les perles mais j’aime aussi les monter.
Parfois je sais dès le départ ce que je vais faire mais la plupart du temps je choisis de travailler une technique sans savoir quel genre de bijoux je vais faire par la suite.
Que ce soit en alu ou en polymère, ton travail est extrêmement soigné, varié, des volutes qui partent dans tous les sens naturellement, c’est fluide, proportionné, l’espace est occupé avec justesse, tout semble avoir été fait avec aisance. C’est si facile que ça à faire ?
Ca ne me parait pas compliqué mais je pense que c’est l’habitude qui me fait dire ça. Car mine de rien ça fait presque 20 ans que je fais des bijoux.
J’ai appris par moi même car à l’époque où j’ai commencé il n’y avait pas d’internet et très peu de livres sur les bijoux. D’ailleurs aujourd’hui encore les livres sur les bijoux en alu se font très rares.
– Ta couleur préférée est le rouge, pourtant elle est peu présente dans tes bijoux, et il faut ajouter qu’il ne manque aucune couleur dans ta palette… tu t’attaches les mains pour ne pas mettre de rouge et te force à utiliser les autres ?
Je n’ai pas l’impression que le rouge soit moins présent, j’essaie de travailler toutes les couleurs car on n’a pas tous les mêmes goûts et ce qui est bien avec la polymère, c’est que l’on peut utiliser les couleurs telles quelles ou créer ses propres couleurs pour assortir à une tenue.
J’essaie aussi de regarder les couleurs qui sont à la mode.
– Pour terminer, la question un peu habituelle : as-tu un livre dans lequel tu vas souvent chercher des idées, des techniques ? Peux tu nous donner ton avis sur les pates polymères que tu connais ?
j’ai beaucoup aimé le livre d’Hélène Jean Claude sur les imitations de matières, très réalistes et très bien expliqué mais je me sert en général pas mal d’internet qui est une vraie mine d’or pour trouver de nouvelles techniques.
Pour ce qui est des pâtes j’utilise beaucoup la premo qui a de très jolies couleurs mais aussi la fimo et la cernit que j’utilise les unes avec les autres indifféremment.
La premo à tendance à être plus molle donc pas toujours facile à utiliser pour la réalisation de canes.
Merci Virginie !

Faisons parler Coco La Bijoutisse !

Tout le monde connaît Colette alors il me fallait lui trouver des questions différentes… et obtenir son interview, ce qui a été plus facile que je ne le pensais, seule contrepartie, qu’elle réalise mon interview !
Son blog récent est , l’ancien blog toujours actif ici. Les deux contiennent des merveilles ! Merci Coco !

– Tout le monde connaît tes schémas de bijoux. Peux-tu nous décrire le processus, le cheminement de création ?
Cela me paraît toujours difficile de répondre à cette question. Pour moi, créer, c’est inventer quelque chose qui n’existe pas et, par différents moyens ou techniques, matérialiser ce « quelque chose » dans l’espace en lui donnant une ou des formes visibles par tous.
Parfois, les formes s’imposent à moi. Parfois, l’inspiration vient en regardant une toile ou une sculpture. Une technique employée dans les bijoux créés par d’autres personnes peut également m’inspirer. Des éléments végétaux, un tissu, un dessin. Le feuillage d’un arbre ou des éléments de mon environnement. Un visage, un cou de femme.
Tout se passe un peu comme si une forme traversait mon esprit et qu’il fallait que je la fasse passer du monde imaginaire au monde vivant. Ce processus me fatigue beaucoup et je dois souvent me reposer après une création. Un peu comme si la forme avait emporté avec elle une partie de mon énergie. Une de mes amies m’a fait rire en disant que cela ressemblait à un accouchement.
Parfois, je parviens à réaliser cette métamorphose, parfois la forme n’aboutit pas. Et ça m’énerve !

– As-tu toujours été manuelle ? Quels travaux réalisais-tu avant de te mettre aux perles et qu’est-ce qui t’y a amenée ?
Jeune fille, mes parents ne me laissaient rien faire. Même pas cuire un œuf ! Lorsque j’ai eu mon premier appartement, il a bien fallu que j’apprenne à « bricoler ». Mon frère m’a tout appris : faire du papier peint, de l’enduit, utiliser une perceuse, etc… J’aimais beaucoup travailler le bois, imaginer des meubles sur mesure par exemple. Ma grand-mère m’avait appris à crocheter et j’aimais faire des napperons, rideaux, etc. Tricoter et coudre aussi.
A la faveur d’une formation professionnelle de trois ans à l’Ecole Estienne, j’ai été initiée aux arts graphiques par des professeurs et un vieux maître que j’adorais et admirais. J’avais pris l’option : maquettiste.
Comme les ordinateurs n’existaient pas encore, j’ai appris pendant un an à dessiner des familles de lettres, composer à la main des textes pour des affiches par exemple et étudié l’histoire de l’art de différents pays.
Puis à mettre en page des images et des textes. Cela passe par l’apprentissage de l’équilibre des formes sur la page et des formes entre elles. J’ai découvert aussi le « poids » des couleurs, leur organisation sur la page.
Il fallait inventer des catalogues de voyage, des affiches pour le théâtre, des logos, des couvertures de livre de classe ou d’art. Pour mon concours de sortie et mon diplôme, nous devions créer le logo d’un parfum haut de gamme : ELLE, son flaconnage, sa boîte d’emballage et son présentoir en carton imprimé pour les parfumeries. C’était complexe et passionnant.
Dans le même temps, une amie m’a initiée à la broderie à point compté. J’adorais la détente que cet art me procurait. Voir naître les formes petit à petit m’intriguait beaucoup.
J’ai fait également des modelages en pâte à sel.

En 2002, j’ai été victime d’un très grave accident de voiture. Le pronostic vital était engagé mais mon organisme a résisté. Lorsque je suis sortie de l’hôpital et du centre de rééducation, après un an de soins, j’étais en fauteuil roulant, ne sachant pas si j’allais pouvoir remarcher. Il fallait vivre ou mourir. Pour éviter de ressasser mon malheur toute la journée, les ordinateurs étant devenus accessibles à tous, je me baladais sur internet et j’ai découvert un site de perleuse. Il n’y en avait pas beaucoup à l’époque. C’était celui d’Huguette que je remercierais toujours pour son aide et sa bienveillance. Une des seules qui aidait les débutantes.
Tout comme la broderie, les perles m’offraient de travailler sur l’infiniment petit. Mon mari m’a offert un livre sur les perles de rocailles, j’ai acheté d’autres livres et j’ai appris. Et petit à petit, j’ai commencé, en m’appuyant sur mes apprentissages de différentes techniques, à créer mes propres bijoux car je détestais faire de la copie. Je continue d’ailleurs d’apprendre au travers des bijoux des autres perleuses : je trouve souvent quelque chose qui m’interroge.

– As-tu un gros point faible que te fait défaut dans le travail des perles ?
J’avoue qu’il m’arrive souvent d’être paresseuse. Et que j’ai du mal à me concentrer longtemps. Donc, il faut que ça aille vite. Je fais, je défais, je refais, encore et encore. Mais pas plus d’une semaine. Après, je laisse tomber et j’imagine autre chose. J’y reviens plus tard éventuellement.

– De ta grande expérience et de tes nombreuses rencontres, saurais-tu définir un trait de caractère commun aux perleuses ?
J’ai toujours eu la sensation, à tort ou à raison, que nombre de perleuses manquaient de confiance en elles et avaient besoin de reconnaissance. Je pense d’ailleurs que, pendant pas mal de temps, j’ai été confrontée à ces difficultés. La création est une vaste prairie de solitude !
Lorsque j’ai commencé à créer mes bijoux, personne ne les aimait. Ils n’étaient pas à la mode. Et surprenaient parfois. J’étais souvent déçue par l’accueil réservé à mes créations. Mais j’ai continué à suivre mon petit bonhomme de chemin.
Petit à petit, j’ai pris confiance en moi. Avec beaucoup de travail, de recherches, mon style s’est affirmé. Et je n’ai plus eu besoin de reconnaissance. Je faisais ce que je souhaitais faire. Et tant pis si on aimait mes bijoux ou pas. Moi je les aimais et cela suffisait à me rendre heureuse.

– Toi qui aime voyager à l’étranger via internet, peux-tu qualifier en un mot ou deux le type de travail de perles fait par les françaises, les américaines et les russes ? Sabine Lippert, par exemple, dit que les bijoux faits par les françaises sont scintillants d’élégance, côté USA c’est opulent, les russes solennelles et au Japon c’est plutôt ludique.(Illustration Toile de Sonia Delaunay)
Je partage assez l’opinion de Sabine Lippert. La culture d’un pays me semble toujours traverser l’art, quel que soit son mode d’expression. On le constate d’ailleurs dans l’histoire de l’art des différents pays, qu’il s’agisse d’architecture, de bijoux, de mobilier ou d’autres domaines.
Je regrette d’ailleurs qu’en France le travail de la perle ne soit reconnu que dans le domaine de la haute couture, dominé trop souvent à mon goût par les hommes et l’argent.
D’ailleurs, tout ce qui touche aux domaines des arts exercés par les femmes, notamment tous les arts du fil, est recouvert du vocable : « travaux féminins ».
Comme si l’art créé par les femmes était inexistant. On le constate également dans la peinture : on parle peu des tableaux impressionnistes peints par les femmes de cette époque par exemple. Si ce n’est par le biais d’épisodes dramatiques de leurs vies. Ou les noms des peintres qu’elles ont épousés.

S’agissant de la perle, peut-être souffrons-nous du vieil adage qui associe « ne rien faire » à : « enfilez des perles toute la journée » ? Je l’ignore mais on peut l’imaginer en tout cas.
Par contre, je trouve que les bijoux imaginés par les russes diffèrent par leurs couleurs et souvent, quelques marques de romantisme qui ne sont pas pour me déplaire. J’aime l’ambiance si particulière dégagée parfois par leurs bijoux.

– Qu’aimerais-tu voir plus souvent comme bijoux fabriqués par les autres ?
Tout d’abord les colliers free-form. Mais je comprends très bien que ce sont des bijoux ardus à faire du point de vue technique car toutes les difficultés y sont concentrées.
Ensuite, les bracelets. Créer un bracelet est un exercice difficile : l’espace est très réduit et trouver le moyen de permettre à la forme de s’y épanouir n’est pas si aisé. Et comme toutes les créatrices françaises, je me heurte à ces difficultés.

(Illustration : Eva Gonzales) – Quels conseils donnerais-tu aux débutantes ? Bien que tu en donnes déjà beaucoup sur le plan technique, là, j’aimerai bien des conseils plus personnels, la manière d’aborder le domaine, l’organisation, les achats, etc.
Le premier que je donnerai ? Faites ce que vous avez envie. Ne sacrifiez pas à la mode de telle forme, de telle perle… Faites-vous plaisir. Ne recherchez pas la perfection. Elle n’existe pas. Faites tout simplement de votre mieux, c’est déjà beaucoup. Ce n’est pas parce qu’un bijou est imparfait qu’il n’est pas intéressant du point de vue de la forme et de sa construction. Il a quelques petits défauts ? Et alors ? N’en avons-nous pas nous-mêmes ? L’art n’est que le reflet des humains.
Apprenez d’abord les techniques : elles se mettront ensuite au service de vos créations. Imaginer un bijou est insuffisant : il faut savoir avec quelles techniques vous allez le matérialiser. Ne surtout pas faire l’économie de cet apprentissage.
Allez vous promener dans les musées de peinture.. Regardez l’organisation des couleurs et des formes. Vous y trouverez de belles sources d’inspiration. Et vous vous enrichirez du regard des créateurs qui y sont exposés.
N’achetez jamais vos perles dans les grandes surfaces. Dirigez-vous vers des vendeurs professionnels qui sauront vous renseigner.
Et demandez des conseils aux anciennes car nombre d’entre elles seront prêtes à vous transmettre leur savoir-faire et partager leurs connaissances. L’art est devenu un marché financier mais il n’est rien s’il n’est pas, au départ, partagé par tous et toutes. Il doit appartenir à tous.
Je suis contente que ton initiative permette de le rappeler et je t’en remercie Cyrille.

Christel et ses perles

Ma chère amie Christel a accepté de répondre à mes questions. Mais qui dit amie ne dit pas forcément questions faciles et complaisantes… tu t’en sors bien, merci pour cette belle interview !
Vous pouvez lui rendre visite sur son blog christel46310.canalblog.com pour découvrir son univers.
– Christel, je te vois rarement porter un bijou, et pourtant tu en fabriques, qu’est ce qui t’as amenée à cela et par quoi as-tu commencé, perles ou polymère ?
Effectivement, je ne suis pas très « bijou » … Mais commençons par le commencement si tu le veux bien.
En 2003, une amie m’a montré de la polymère sur verre !? Oui oui ! J’ai trouvé que l’étendue des possibilités de cette matière était intéressante. Lire la suite »