Faisons parler Coco La Bijoutisse !

Tout le monde connaît Colette alors il me fallait lui trouver des questions différentes… et obtenir son interview, ce qui a été plus facile que je ne le pensais, seule contrepartie, qu’elle réalise mon interview !
Son blog récent est , l’ancien blog toujours actif ici. Les deux contiennent des merveilles ! Merci Coco !

– Tout le monde connaît tes schémas de bijoux. Peux-tu nous décrire le processus, le cheminement de création ?
Cela me paraît toujours difficile de répondre à cette question. Pour moi, créer, c’est inventer quelque chose qui n’existe pas et, par différents moyens ou techniques, matérialiser ce « quelque chose » dans l’espace en lui donnant une ou des formes visibles par tous.
Parfois, les formes s’imposent à moi. Parfois, l’inspiration vient en regardant une toile ou une sculpture. Une technique employée dans les bijoux créés par d’autres personnes peut également m’inspirer. Des éléments végétaux, un tissu, un dessin. Le feuillage d’un arbre ou des éléments de mon environnement. Un visage, un cou de femme.
Tout se passe un peu comme si une forme traversait mon esprit et qu’il fallait que je la fasse passer du monde imaginaire au monde vivant. Ce processus me fatigue beaucoup et je dois souvent me reposer après une création. Un peu comme si la forme avait emporté avec elle une partie de mon énergie. Une de mes amies m’a fait rire en disant que cela ressemblait à un accouchement.
Parfois, je parviens à réaliser cette métamorphose, parfois la forme n’aboutit pas. Et ça m’énerve !

– As-tu toujours été manuelle ? Quels travaux réalisais-tu avant de te mettre aux perles et qu’est-ce qui t’y a amenée ?
Jeune fille, mes parents ne me laissaient rien faire. Même pas cuire un œuf ! Lorsque j’ai eu mon premier appartement, il a bien fallu que j’apprenne à « bricoler ». Mon frère m’a tout appris : faire du papier peint, de l’enduit, utiliser une perceuse, etc… J’aimais beaucoup travailler le bois, imaginer des meubles sur mesure par exemple. Ma grand-mère m’avait appris à crocheter et j’aimais faire des napperons, rideaux, etc. Tricoter et coudre aussi.
A la faveur d’une formation professionnelle de trois ans à l’Ecole Estienne, j’ai été initiée aux arts graphiques par des professeurs et un vieux maître que j’adorais et admirais. J’avais pris l’option : maquettiste.
Comme les ordinateurs n’existaient pas encore, j’ai appris pendant un an à dessiner des familles de lettres, composer à la main des textes pour des affiches par exemple et étudié l’histoire de l’art de différents pays.
Puis à mettre en page des images et des textes. Cela passe par l’apprentissage de l’équilibre des formes sur la page et des formes entre elles. J’ai découvert aussi le « poids » des couleurs, leur organisation sur la page.
Il fallait inventer des catalogues de voyage, des affiches pour le théâtre, des logos, des couvertures de livre de classe ou d’art. Pour mon concours de sortie et mon diplôme, nous devions créer le logo d’un parfum haut de gamme : ELLE, son flaconnage, sa boîte d’emballage et son présentoir en carton imprimé pour les parfumeries. C’était complexe et passionnant.
Dans le même temps, une amie m’a initiée à la broderie à point compté. J’adorais la détente que cet art me procurait. Voir naître les formes petit à petit m’intriguait beaucoup.
J’ai fait également des modelages en pâte à sel.

En 2002, j’ai été victime d’un très grave accident de voiture. Le pronostic vital était engagé mais mon organisme a résisté. Lorsque je suis sortie de l’hôpital et du centre de rééducation, après un an de soins, j’étais en fauteuil roulant, ne sachant pas si j’allais pouvoir remarcher. Il fallait vivre ou mourir. Pour éviter de ressasser mon malheur toute la journée, les ordinateurs étant devenus accessibles à tous, je me baladais sur internet et j’ai découvert un site de perleuse. Il n’y en avait pas beaucoup à l’époque. C’était celui d’Huguette que je remercierais toujours pour son aide et sa bienveillance. Une des seules qui aidait les débutantes.
Tout comme la broderie, les perles m’offraient de travailler sur l’infiniment petit. Mon mari m’a offert un livre sur les perles de rocailles, j’ai acheté d’autres livres et j’ai appris. Et petit à petit, j’ai commencé, en m’appuyant sur mes apprentissages de différentes techniques, à créer mes propres bijoux car je détestais faire de la copie. Je continue d’ailleurs d’apprendre au travers des bijoux des autres perleuses : je trouve souvent quelque chose qui m’interroge.

– As-tu un gros point faible que te fait défaut dans le travail des perles ?
J’avoue qu’il m’arrive souvent d’être paresseuse. Et que j’ai du mal à me concentrer longtemps. Donc, il faut que ça aille vite. Je fais, je défais, je refais, encore et encore. Mais pas plus d’une semaine. Après, je laisse tomber et j’imagine autre chose. J’y reviens plus tard éventuellement.

– De ta grande expérience et de tes nombreuses rencontres, saurais-tu définir un trait de caractère commun aux perleuses ?
J’ai toujours eu la sensation, à tort ou à raison, que nombre de perleuses manquaient de confiance en elles et avaient besoin de reconnaissance. Je pense d’ailleurs que, pendant pas mal de temps, j’ai été confrontée à ces difficultés. La création est une vaste prairie de solitude !
Lorsque j’ai commencé à créer mes bijoux, personne ne les aimait. Ils n’étaient pas à la mode. Et surprenaient parfois. J’étais souvent déçue par l’accueil réservé à mes créations. Mais j’ai continué à suivre mon petit bonhomme de chemin.
Petit à petit, j’ai pris confiance en moi. Avec beaucoup de travail, de recherches, mon style s’est affirmé. Et je n’ai plus eu besoin de reconnaissance. Je faisais ce que je souhaitais faire. Et tant pis si on aimait mes bijoux ou pas. Moi je les aimais et cela suffisait à me rendre heureuse.

– Toi qui aime voyager à l’étranger via internet, peux-tu qualifier en un mot ou deux le type de travail de perles fait par les françaises, les américaines et les russes ? Sabine Lippert, par exemple, dit que les bijoux faits par les françaises sont scintillants d’élégance, côté USA c’est opulent, les russes solennelles et au Japon c’est plutôt ludique.(Illustration Toile de Sonia Delaunay)
Je partage assez l’opinion de Sabine Lippert. La culture d’un pays me semble toujours traverser l’art, quel que soit son mode d’expression. On le constate d’ailleurs dans l’histoire de l’art des différents pays, qu’il s’agisse d’architecture, de bijoux, de mobilier ou d’autres domaines.
Je regrette d’ailleurs qu’en France le travail de la perle ne soit reconnu que dans le domaine de la haute couture, dominé trop souvent à mon goût par les hommes et l’argent.
D’ailleurs, tout ce qui touche aux domaines des arts exercés par les femmes, notamment tous les arts du fil, est recouvert du vocable : « travaux féminins ».
Comme si l’art créé par les femmes était inexistant. On le constate également dans la peinture : on parle peu des tableaux impressionnistes peints par les femmes de cette époque par exemple. Si ce n’est par le biais d’épisodes dramatiques de leurs vies. Ou les noms des peintres qu’elles ont épousés.

S’agissant de la perle, peut-être souffrons-nous du vieil adage qui associe « ne rien faire » à : « enfilez des perles toute la journée » ? Je l’ignore mais on peut l’imaginer en tout cas.
Par contre, je trouve que les bijoux imaginés par les russes diffèrent par leurs couleurs et souvent, quelques marques de romantisme qui ne sont pas pour me déplaire. J’aime l’ambiance si particulière dégagée parfois par leurs bijoux.

– Qu’aimerais-tu voir plus souvent comme bijoux fabriqués par les autres ?
Tout d’abord les colliers free-form. Mais je comprends très bien que ce sont des bijoux ardus à faire du point de vue technique car toutes les difficultés y sont concentrées.
Ensuite, les bracelets. Créer un bracelet est un exercice difficile : l’espace est très réduit et trouver le moyen de permettre à la forme de s’y épanouir n’est pas si aisé. Et comme toutes les créatrices françaises, je me heurte à ces difficultés.

(Illustration : Eva Gonzales) – Quels conseils donnerais-tu aux débutantes ? Bien que tu en donnes déjà beaucoup sur le plan technique, là, j’aimerai bien des conseils plus personnels, la manière d’aborder le domaine, l’organisation, les achats, etc.
Le premier que je donnerai ? Faites ce que vous avez envie. Ne sacrifiez pas à la mode de telle forme, de telle perle… Faites-vous plaisir. Ne recherchez pas la perfection. Elle n’existe pas. Faites tout simplement de votre mieux, c’est déjà beaucoup. Ce n’est pas parce qu’un bijou est imparfait qu’il n’est pas intéressant du point de vue de la forme et de sa construction. Il a quelques petits défauts ? Et alors ? N’en avons-nous pas nous-mêmes ? L’art n’est que le reflet des humains.
Apprenez d’abord les techniques : elles se mettront ensuite au service de vos créations. Imaginer un bijou est insuffisant : il faut savoir avec quelles techniques vous allez le matérialiser. Ne surtout pas faire l’économie de cet apprentissage.
Allez vous promener dans les musées de peinture.. Regardez l’organisation des couleurs et des formes. Vous y trouverez de belles sources d’inspiration. Et vous vous enrichirez du regard des créateurs qui y sont exposés.
N’achetez jamais vos perles dans les grandes surfaces. Dirigez-vous vers des vendeurs professionnels qui sauront vous renseigner.
Et demandez des conseils aux anciennes car nombre d’entre elles seront prêtes à vous transmettre leur savoir-faire et partager leurs connaissances. L’art est devenu un marché financier mais il n’est rien s’il n’est pas, au départ, partagé par tous et toutes. Il doit appartenir à tous.
Je suis contente que ton initiative permette de le rappeler et je t’en remercie Cyrille.

  1. Très belle interview d’une très généreuse personne qui m’a tout appris en dentelle de perles et qui m’a permis de croire que l’on pouvait faire tout ce dont on voulait en bijouterie perlée !
    J’étais avide d’apprendre les techniques de ses bijoux que je trouvais fabuleux et je la remercierai à jamais pour cela !
    Merci ma COCO et merci à toi Celt , chaque interview est axée sur un point bien particulier de notre passion commune qu’il est très intéressant de découvrir au fil de tes très intéressantes questions ! 😀

  2. Super entretien!!! Je te connais un peu mieux maintenant Coco et j’apprécie beaucoup ta façon de voir les choses. Tout à fait d’accord avec toi sur le fait que, en général « les perleuses » comme toutes celles qui créent d’ailleurs, ont besoin de reconnaissance et souffrent souvent d’un manque de confiance en elle, ou l’un ou l’autre. Bravo à vous deux les amis. Bisous. Myriam.

  3. Superbe entretien ! je suis ravie d’en savoir un peu plus sur toi ma belle et je profites de ce petit message pour te remercier pour ta passion et tes partages <3 Bisous bisous 🙂
    Et bien sur un grand merci Celt pour cette nouvelle interview 🙂

  4. superbe interview, je suis ravie de faire un peu plus connaissance avec toi Coco, merci pour ta générosité que l’on découvre encore plus à travers cet interview Merci Celt et Merci à toi Coco

  5. marie-thé corrège

    j’admire beaucoup l’art de créer, moi qui ne fais que reproduire, félicitations pour tout, superbe interview, quel beau parcours
    Bises

  6. et voilà notre Coco qui se livre et qui nous envoie un message d’espoir, de courage et de créativité! merci Coco de croire en toi et en nous! ( alors les filles on manque de confiance?)

  7. très belle interview !! d’une belle personne ;merci à vous deux

  8. Ah comme il est bon de te lire dans cette interview Coco! C’est un grand plaisir de te lire, d’entendre l’expression de tout ce que l’art peut permettre de construire ou reconstruire sur un plan identitaire! Le tout en protégeant, d’une certaine façon, sa liberté en partant de l’infiniment petit.
    Je ne suis absolument pas surprise de ta sensibilité aux perleuses russes telle que tu le décrit, surtout à l’égard des techniques si différentes que tu as pu connaitre dans tes métiers au fil du temps…bref, j’y vois des liens que je ne peux pas plus développer sinon M. Celt va me faire observer mes longueurs!!! 😆
    J’adore ce que tu fais et cette interview!
    Bravo à tous les deux pour ce partage si riche et qui démystifie un peu l’art de la création tout en lui rendant le respect attendu. 🙂

  9. Quel superbe interview. Comment remercier Coco pour tout ce qu’elle donne et partage. Toujours à l’écoute . Respect!

  10. Très belle interview d’une artiste hors pair. Coco, tu nous éblouis de tes merveilleuses créations depuis quelques années maintenant, et tu continues de nous éblouir… le tout agrémenté de ta gentillesse et ta générosité. Et cette interview nous a permis de mieux te connaître… Merci à toi et merci à Celt pour cette interview…

  11. C’est un entretien très intéressant,Celt, qui nous permet de connaître un peu mieux Coco. Elle a réussi à surmonter ses épreuves en créant petit à petit avec patience et en partageant généreusement sa technique avec les débutants. Tes créations me font rêver,Coco, et je t’admire pour ton imagination. Je trouve aussi que les personnes comme cela ne sont pas assez reconnues! Bravos et bisous

  12. Très belle interview, maintenant j’en sais un peu plus sur celle qui a fait que je suis devenu accroc aux perles. C’est grâce à tes créations que j’ai fait connaissance avec les perles et les différentes techniques il y a 3 ans maintenant et je dois dire que ta générosité et ton partage de savoir m’a beaucoup aidé à progresser. Je t’en remercie infiniment. Continue à nous faire rêver.
    Gros bisous.

  13. C’est vrai qu’elle est super douée Coco ! Bel interview !

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